SGO 3 -3 Les Globes Trottars « La parole est à la défense, Maître DE PRAT étant indisponible en raison de soucis gastriques récurrents, nous écouterons un avocat commis d’office. »
« Merci monsieur le président, mesdames et messieurs les jurés.
…(silence pour ménager le suspense)…
Mon client sont plusieurs. Oui, mesdames et messieurs les jurés, mon client sont un groupe mais un groupe qui se distingue par les membres qui le composent et dont on ne peut faire porter à tous individuellement, le poids de l’accusation qui frappe le groupe. Laissez-moi replacer les événements dans un contexte peut-être un peu plus favorable pour mon client que ce que vous a laissé entrevoir l’avocat général qui manque cruellement d’objectivité… (silence pour laisser comprendre que le contexte va être resitué)… Savez-vous qu’en Nouvelle-Guinée, les peuples des montagnes sont anthropophages ? Hmmmm ? Quel rapport pensez-vous avec l’affaire du jour ? Le rapport est que, quand même, ça aurait pu être pire.
Alors oui, certes, j’entends dire que ce match de rugby opposait dans le cadre d’un championnat qui n’en est pas un, une équipe de vieux croulants contre une équipe de vieillards décatis. J’ai entendu l’argument qui consiste à montrer que l’objectif principal de ces rencontres vétérans est de jouer, de se faire plaisir, de se retrouver dans un contexte où l’agressivité, la violence gratuite disparaît du fait de la disparition de l’enjeu sportif. Alors il ne resterait plus que le plaisir.
Mais le plaisir de quoi monsieur le président ? Mon client aime châtier son adversaire. Mon client prend du plaisir à jouer un « pas vu pas pris » dans le dos de tous. Mon client affectionne les plaquages à retardement. Mon client s’éprend d’un plongeon tête en avant. Mon client apprécie le fait de rejeter la faute sur son adversaire et sur l’arbitre qu’il taxe de favoritisme. Mon client…Oui, mesdames et messieurs les jurés, j’ose le dire, mon client est resté compétiteur, l’enjeu est simple, gagner le match, quelle que soient les conséquences. Peut-on leur en vouloir ? Ne sont-ce pas les valeurs du rugby ? Le combat, agressif et viril, flirter malicieusement avec les règles pour l’objectif ultime et inaliénable de gagner. Et finalement, se serrer la main à la fin du match. Notons d’ailleurs que quelques esprits chagrins refusèrent de le faire. Mais pourquoi ? N’est-elle pas là, la faute ?
Revenons sur un des faits de match reprochés à mon client : alors qu’il était au sol, je ne sais pas exactement, je ne fais que raconter ce qui nous a été rapporté par les témoins, un des joueurs des Sans-Génie s’est vu asséner un terrible coup de poing dans l’œil par un des membres de mon client. Mais voyons plutôt les choses autrement, mon client n’aurait-il pas, par empathie, souhaité remettre en place la lentille de contact du dit joueur, prénommé Gaël ?
Autre fait contestable, après un plaquage cathédrâle sur un dénommé Messire, ce dernier reproche au plaqueur de lui avoir, je cite « éclaté la gueule d’un coup de tronche en pleine face en fin de plaquage. » Mais peut-être que mon client souhaitait simplement lui éviter une torsion cervicale qui aurait pu lui être fatale. Non ? Comment ça que je ferme ma gueule ? Mais enfin laissez-moi messieurs, laissez-moi, je fais mon métier, je défends des hommes moi ! Pas des causes ! Lâchez-moi monsieur Lefevre !… Arrrgh ! On n’est pas chez Air France là ! Arrrghh ! …. »
Je reprends la parole en tant que moi-même, dit Messire.
J’aurais eu envie de rire si cela avait prêté le flanc à la rigolade. C’était hier soir, j’étais en colère sur le terrain, en sortant du terrain, pendant le repas, après le repas, je suis en colère aujourd’hui.
Ce que je reproche aux Globes Trottars tient en quelques mots : connerie, lâcheté, hypocrisie.
Connerie pour les actes de violence gratuite caché derrière l’alibi « On fait du rugby, nous, c’est dans l’esprit du jeu. ». C’est bien les mecs, vous avez failli perdre un match de vétéran parce que vous êtes venus à16 et que vous étiez cramés à la fin du match et vous ne l’avez pas supporté. Alors vous avez mis des poires, des plaquages à retardement, hauts, des coups de tronche dans les regroupement. Bravo les gars.
Lâcheté parce que vous n’avez pas assumé une seule seconde votre esprit de mauvais perdants. Si vous étiez venus plus nombreux hier, vous nous auriez certainement battus, vous étiez meilleurs les gars, plus costauds devant et derrière, de bons joueurs de rugby dans l’ensemble. Mais non, plutôt crever que de perdre à la régulière, que de dire, « on n’est pas assez nombreux »,que d’admettre que vous avez préféré nous faire mal pour ne pas perdre. Vous êtes des lâches les mecs.
Hypocrisie parce qu’après le match, les quelques mots pitoyables du représentant des globes trottars, laissaient entendre que vous étiez contents de venir jouer avec nous et que vous étiez déçus de ne pas avoir gagné, en mettant au passage en cause notre arbitre Philou, qui a été bon, comme d’habitude. Comment dire le contraire de ce qu’on pense en une leçon ? Hypocrites.
Alors voilà, spéciale dédicace à Thierry, ancien de Saint Genis, accompagnant son équipe des globes trottars, qui au sortir du match m’adressa un « Arago voyou ! » complice, et qui après le repas tenta de m’expliquer ce que c’est que le rugby et qu’on n’est pas plus gentil qu’eux. Alors Thierry, dit Momo, je t’ai laissé en plan sans te répondre parce que j’avais envie de te dire des choses très désagréables, j’avais envie de te dire : garde ta philosophie de comptoir miteux pour les décérébrés qui te servent de potes, garde ta complicité pour ceux qui t’apprécient pour ce que tu es, je ne suis pas complice avec toi qui se targue de représenter les valeurs universelles du rugby, tu n’as pas plus de valeurs que de beurre au cul et je t’emmerde. Et garde tes leçons de morale pour les enfants, mais j’espère que tu n’es pas éducateur. Je ne t’ai pas dit tout ça Thierry, parce que ça se serait mal passé une fois de plus.
Pour parler de nous : on a été costauds, on a bien défendu face à des costauds aussi. On a vu des joueurs vaillants, courageux. Un sylvain Combe énorme, 2 essais, un Gaël au charbon. D’ailleurs, on aurait du aller se maillocher avec les cons d’en face après la poire. J’ai rien vu, mais ce qu’on m’a raconté méritait une fin de match en apothéose. Désolé Gaël.
Allez, passons à autre chose.
Personnellement, y aura pas de prochaine fois, je ne rejoue plus contre ces mecs.
Messire